Table ronde : De la ferme à la table, utopie ou réalité ?

Discussion entre :
Jessica Larsson, cheffe adjointe de la Représentation en France de la Commission européenne
Jérémy Decerle, député européen Renew et agriculteur en Saône-et-Loire
Jérémy Camus, Vice-président de la Métropole de Lyon délégué à l’alimentation, l’agriculture et la résilience du territoire
Pascal Girin, président de la Chambre d’agriculture du Rhône

La stratégie De la ferme à la table est un des piliers de la stratégie environnementale européenne pour les années à venir. Cette stratégie, essentielle pour la Commission européenne afin d’atteindre les objectifs de neutralité carbone, est en revanche fortement critiquée par certains agriculteurs. Comment alors concilier la réalité du terrain, que ce soit au niveau de la profession ou de la métropole de Lyon, et les ambitions européennes ? La stratégie De la ferme à la table est au cœur du Pacte vert européen ayant pour objectifs principaux : la sécurité alimentaire face au changement climatique, limiter la perte de la biodiversité, la baisse de l’empreinte environnementale et climatique du système alimentaire de l’UE et de renforcer la résilience du système alimentaire de l’UE. Si le Pacte vert européen est une politique climatique globale, la stratégie De la ferme à la table s’adresse particulièrement aux agriculteurs, qui sont en première ligne face au réchauffement climatique. Il y a donc un besoin de résilience urgent de la profession qui salue des objectifs européens ambitieux mais trop éloignés de la réalité du terrain.

Il est rappelé que l’UE a les règles les plus strictes du monde en termes de sécurité alimentaire et phytosanitaire, et que la France va souvent plus loin que les règles européennes au niveau national. Un autre facteur à prendre en compte est l’application pas encore assez efficace des règles européennes sur les produits entrant sur le marché européen, et la nécessité de mettre la politique commerciale en adéquation avec les règles alimentaires et sanitaires, qui seraient souvent la variable d’ajustement pendant les négociations des accords commerciaux.

Aujourd’hui, reconnaître les efforts des agriculteurs pour aller dans le sens d’une agriculture en accord avec les politiques environnementales, comme la baisse d’utilisation des pesticides, et souligner leur implication en étant force de proposition, est essentiel.

Si les agriculteurs sont force de proposition, la Métropole de Lyon est également un exemple en la matière : sa logique alimentaire prend en compte toutes les étapes et tous les acteurs de l’alimentation afin d’avoir une alimentation de qualité pour soi et pour l’environnement. Cependant, plusieurs freins persistent à plusieurs niveaux : un véritable manque de financement pour mettre en œuvre les politiques ambitieuses de la Métropole et la complexité administrative française. Malgré l’ambition forte sur l’agriculture des politiques européennes, nationales, régionales et locales, il y a perte des effets des différents leviers à cause de l’éparpillement entre les niveaux administratifs. Une coordination et une homogénéisation des politiques est donc essentielle, au niveau local comme cela est déjà le cas au sein de la Métropole de Lyon, mais également au niveau national, européen mais également international. En effet, parmi les freins à une alimentation saine et durable sur le territoire lyonnais se trouvent les accords de libre-échange avec les pays tiers.

Même si les normes sanitaires et phytosanitaires de l’UE s’appliquent en théorie de la même manière pour tous les produits qui entrent sur le marché intérieur quelle que soit l’origine, UE ou hors UE, il est souvent reproché aux accords commerciaux de faire baisser les exigences européennes sur des aspects environnementaux, sanitaires ou sociaux, d’où l’importance de la mise en place de contrôles efficaces sur les questions de sécurité alimentaire et du respect des mêmes règles que l’on impose aux agriculteurs.

Une telle stratégie alimentaire est ainsi unanimement nécessaire pour faire face au réchauffement climatique mais les possibilités de mise en œuvre sont inégales sur un territoire. Si la stratégie De la ferme à la table n’est pas encore une réalité, elle n’est pas non plus une utopie aujourd’hui. Ces efforts sont faits, mais de nombreux freins persistent pour poursuivre, à toutes les échelles, dans cette direction. Pour les lever, il semble alors important de concilier les politiques européennes, les dynamiques locales et les réalités du terrain afin de ne pas aller trop loin trop vite et que les conséquences se répercutent sur les consommateurs.

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